
La véritable performance d’une rénovation écologique au Québec ne réside pas dans la facture d’Hydro-Québec, mais dans la réduction de son carbone intrinsèque et la protection de la santé de ses occupants.
- L’impact des matériaux (bois local, recyclés) est souvent plus significatif que l’impact énergétique opérationnel, surtout avec l’hydroélectricité québécoise.
- Une gestion rigoureuse via la déconstruction sélective peut détourner plus de 80 % des matières de l’enfouissement.
Recommandation : Exigez une Analyse du Cycle de Vie (ACV) des matériaux et ne vous fiez pas aux simples logos « verts » pour garantir un projet véritablement sain et durable.
Vous envisagez de rénover votre maison au Québec. L’idée est d’améliorer votre confort, de moderniser votre espace, et bien sûr, de le faire de manière responsable. Spontanément, la conversation s’oriente vers l’efficacité énergétique : changer les fenêtres, améliorer l’isolation, installer une thermopompe. Ces réflexes sont excellents, mais ils ne racontent qu’une partie de l’histoire. Ils se concentrent sur le carbone opérationnel, c’est-à-dire l’énergie que vous consommerez au quotidien.
Cependant, pour un propriétaire conscientisé qui cherche à aligner son habitat avec ses valeurs, cette approche est incomplète. Et si la véritable clé d’une rénovation à faible impact ne se trouvait pas uniquement dans votre consommation future, mais dans l’impact caché de chaque matériau que vous choisissez aujourd’hui ? C’est la question du carbone intrinsèque : l’énergie grise et les émissions générées pour fabriquer, transporter et installer vos nouveaux planchers, votre isolant ou vos armoires. Dans le contexte québécois, où notre électricité est déjà très décarbonée, cet enjeu devient absolument central.
Ce guide adopte la perspective rigoureuse d’un consultant en bâtiment durable. Nous allons déconstruire les mythes, vous fournir des outils pour évaluer l’impact réel de vos choix et transformer votre projet de rénovation en un acte cohérent et militant. De la sélection des matériaux à la gestion des déchets, en passant par la qualité de l’air que vous respirez, vous découvrirez comment mener un projet qui respecte non seulement l’environnement, mais aussi, et surtout, votre santé.
Pour naviguer à travers les multiples facettes d’un tel projet, cet article est structuré pour vous guider pas à pas. Nous aborderons les concepts fondamentaux, les certifications pertinentes et les actions concrètes à mettre en œuvre pour chaque étape de votre rénovation.
Sommaire : Le guide d’une rénovation durable et saine au Québec
- Pourquoi privilégier le bois local et les matériaux recyclés réduit radicalement le carbone intrinsèque ?
- Comment détourner 80% de vos débris de rénovation de l’enfouissement ?
- Novoclimat, LEED ou Carbone Zéro : quelle certification vise le mieux vos objectifs ?
- L’erreur de croire qu’un logo « vert » sur l’emballage garantit un produit sain et local
- Quand installer un baril de pluie ou un jardin de pluie pour gérer les eaux de ruissellement ?
- Pourquoi rénover une vieille maison est souvent plus vert que construire une maison passive neuve ?
- Pourquoi l’amiante et le plomb dans vos vieux murs nécessitent un protocole strict (et coûteux) ?
- Comment rendre votre maison plus écologique au-delà de la simple économie d’énergie ?
Pourquoi privilégier le bois local et les matériaux recyclés réduit radicalement le carbone intrinsèque ?
Le carbone intrinsèque, ou carbone incorporé, représente l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) associées au cycle de vie d’un matériau, de l’extraction des matières premières à sa fin de vie, en passant par sa fabrication et son transport. Dans une province comme le Québec, où l’énergie opérationnelle des bâtiments est largement décarbonée grâce à l’hydroélectricité, le carbone intrinsèque peut représenter la part la plus importante de l’empreinte carbone totale d’une rénovation. C’est un changement de paradigme fondamental : l’impact majeur de votre projet ne se situe pas dans votre future facture d’électricité, mais dans les matériaux que vous sélectionnez.
Opter pour du bois issu de forêts québécoises gérées durablement (certifié FSC, par exemple) est une stratégie gagnante. Non seulement vous réduisez drastiquement les émissions liées au transport, mais le bois agit comme un puits de carbone, séquestrant le CO2 qu’il a absorbé durant sa croissance. De même, les matériaux à contenu recyclé (comme l’isolant en cellulose fait de papier journal, ou les comptoirs en verre recyclé) nécessitent beaucoup moins d’énergie pour leur production que leurs équivalents fabriqués à partir de matières vierges. C’est le principe de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) qui doit guider chaque décision d’achat, bien au-delà du simple prix ou de l’esthétique.
Pour mettre en pratique cette approche, une planification rigoureuse de l’approvisionnement est nécessaire. Il ne s’agit pas simplement d’aller en quincaillerie, mais de devenir un véritable enquêteur de matériaux. Voici les étapes clés pour y parvenir :
- Identifier les scieries certifiées FSC dans votre région via le site du Conseil canadien du bois pour une traçabilité garantie.
- Visiter les centres de réemploi comme Éco-Réno et les matériauthèques locales pour trouver des trésors récupérés : portes, planchers, appareils sanitaires.
- Calculer l’empreinte carbone comparative de différentes options avec des outils comme celui de l’Athena Sustainable Materials Institute.
- Demander les Déclarations Environnementales de Produit (DEP) aux fournisseurs. Ce document est la « fiche nutritionnelle » environnementale d’un matériau.
- Documenter la traçabilité de chaque matériau pour valoriser votre démarche et faciliter l’obtention de certifications écologiques.
En adoptant cette démarche, vous ne faites pas que réduire votre empreinte carbone ; vous soutenez l’économie locale, favorisez l’innovation dans le secteur des matériaux verts et donnez une valeur tangible et durable à votre projet.
Comment détourner 80% de vos débris de rénovation de l’enfouissement ?
Une rénovation génère inévitablement des déchets. Cependant, le terme « déchet » est lui-même un concept à revoir. Dans une optique d’économie circulaire du bâtiment, un vieux plancher de bois franc ou une porte en bon état ne sont pas des débris, mais des ressources. L’objectif n’est donc pas de « jeter » plus efficacement, mais de planifier la déconstruction sélective pour maximiser le réemploi, la revalorisation et le recyclage. L’ambition de détourner 80% des résidus de construction, rénovation et démolition (CRD) de l’enfouissement est réaliste, mais elle exige une discipline de chantier dès le premier jour.
Au Québec, la situation progresse, mais il reste du chemin à parcourir. En effet, selon les données les plus récentes, à peine plus de la moitié des résidus de CRD (53%) du secteur du bâtiment ont été acheminés vers un centre de tri. Cela signifie qu’une part considérable finit encore directement à l’enfouissement, représentant une perte de matériaux et un impact environnemental évitable. L’organisation du chantier devient la clé du succès. Il faut prévoir des zones ou des conteneurs distincts pour chaque type de matériau : le bois non traité, le métal, le gypse (placoplâtre), la brique et le béton, et enfin les résidus ultimes.
Cette approche, bien que demandant plus de rigueur, porte ses fruits. Des villes comme Vancouver ont montré la voie avec une réglementation ambitieuse, servant de modèle pour ce qui est possible.
Étude de cas : Le modèle de déconstruction de Vancouver
Pour illustrer le potentiel de cette approche, un règlement en vigueur depuis 2011 à Vancouver exige que les maisons construites avant 1950 soient déconstruites de manière à ce qu’un minimum de 75 % de leurs composantes soient recyclées ou réutilisées. Cette proportion grimpe même à 90 % pour les édifices classés « maisons de caractère ». Cette politique a transformé la gestion des chantiers et stimulé une véritable filière de l’économie circulaire pour les matériaux de construction.
Pour réussir, la communication avec votre entrepreneur est primordiale. Intégrez des clauses de gestion des déchets dans votre contrat et visitez régulièrement le chantier pour vous assurer que le tri est respecté. C’est un effort qui se traduit par des bénéfices environnementaux, mais aussi potentiellement économiques, grâce à la revente de certains matériaux et à la réduction des frais d’enfouissement.

Le succès de votre démarche repose sur cette discipline : chaque matériau doit être vu comme une ressource potentielle avant d’être considéré comme un déchet.
Novoclimat, LEED ou Carbone Zéro : quelle certification vise le mieux vos objectifs ?
S’engager dans une rénovation écologique est une chose, mais comment valider et quantifier la performance de votre projet ? Les certifications sont des cadres de référence précieux. Elles fournissent des cibles mesurables, des lignes directrices et une reconnaissance officielle de vos efforts. Au Québec, plusieurs programmes coexistent, chacun avec un focus différent. Le choix dépend entièrement de vos priorités : visez-vous principalement l’efficacité énergétique, une performance environnementale globale, ou l’impact climatique absolu ?
Novoclimat, un programme gouvernemental québécois, se concentre quasi exclusivement sur la performance énergétique. Il exige une isolation supérieure, une grande étanchéité à l’air et un système de ventilation performant. C’est un excellent point de départ, souvent soutenu par des aides financières comme le programme Rénoclimat. LEED pour les habitations, un standard nord-américain, adopte une vision plus holistique. Il évalue le projet sur huit catégories, incluant l’efficacité énergétique, mais aussi la gestion de l’eau, le choix de sites durables, la qualité des matériaux et la qualité de l’air intérieur (QAI). Enfin, la certification Bâtiment Carbone Zéro (BCZ) est la plus exigeante sur le plan climatique. Elle se focalise sur la réduction à la source des émissions de GES, tant opérationnelles qu’intrinsèques, visant la neutralité carbone.
Il est crucial de comprendre que même les options certifiées ne sont pas une panacée. Comme le souligne Michel Leblanc de Solutions Résidentielles, une entreprise certifiée par Écohabitation, certaines solutions peuvent être trompeuses. En parlant de certains matériaux courants, il met en garde :
Ces options sont économiques à long terme, mais également peu durables d’un point de vue écologique.
– Michel Leblanc, Solutions Résidentielles
Cette remarque nous rappelle qu’une certification est un outil, pas une fin en soi. Une analyse critique reste nécessaire. Le tableau suivant synthétise les principales différences pour vous aider à vous orienter.
Pour choisir la certification la plus adaptée, il est essentiel de comparer leurs exigences et les bénéfices associés. Une analyse comparative détaillée est la meilleure approche pour aligner un programme avec vos valeurs et votre budget.
| Certification | Coût additionnel | Focus principal | Subventions disponibles |
|---|---|---|---|
| Novoclimat | 5-10% | Efficacité énergétique | Rénoclimat, LogisVert |
| LEED Habitations | 10-15% | Performance globale + QAI | Crédit d’impôt municipal |
| Bâtiment Carbone Zéro | 15-20% | Impact climatique total | Programmes fédéraux |
En fin de compte, la meilleure certification est celle qui transforme vos valeurs en un plan d’action concret et vérifiable pour votre projet.
L’erreur de croire qu’un logo « vert » sur l’emballage garantit un produit sain et local
Le marché de la rénovation est inondé de produits se réclamant « verts », « écologiques » ou « naturels ». Malheureusement, beaucoup de ces allégations relèvent du greenwashing (écoblanchiment) : une stratégie marketing visant à donner une image de responsabilité écologique trompeuse. Un logo avec une feuille verte ou un emballage de couleur kraft ne garantit en rien la performance environnementale réelle d’un produit, ni son innocuité pour votre santé. Se fier à ces apparences est une erreur courante qui peut saboter les efforts d’une rénovation consciencieuse.
La clé est de devenir un consommateur averti et exigeant, qui sait où chercher les preuves. Les certifications par des tiers indépendants et reconnus sont votre meilleur allié. Des labels comme GREENGUARD (qui garantit de faibles émissions de composés organiques volatils ou COV), ÉcoLogo (un programme canadien multi-attributs) ou FSC (pour le bois issu de forêts durables) sont des indicateurs de confiance. Au Québec, il faut aussi être attentif aux normes du Bureau de normalisation du Québec (BNQ), qui encadrent par exemple l’utilisation de matériaux recyclés comme le béton ou les enrobés bitumineux.
Un exemple flagrant de produit problématique souvent perçu comme standard est le bardeau d’asphalte. Bien qu’omniprésent, sa fin de vie est un casse-tête environnemental. Écohabitation est très clair à ce sujet : contenant de la fibre de verre et des agrégats, il n’a aucun débouché de recyclage viable au Québec et ne peut même pas être utilisé comme combustible industriel. L’organisme recommande de privilégier des alternatives durables et recyclables, comme les toitures métalliques. Cet exemple montre bien qu’un produit peut être fonctionnel et économique sans être durable.
Pour ne pas tomber dans le piège du greenwashing, il faut adopter une démarche d’investigation systématique pour chaque matériau envisagé.
Votre plan d’action pour détecter l’écoblanchiment
- Vérifier la présence de certifications tierces reconnues : Recherchez des logos fiables (GREENGUARD, ÉcoLogo, FSC) plutôt que des affirmations génériques du fabricant.
- Exiger les Fiches de Données de Sécurité (FDS) : Ce document doit lister le taux de COV précis, un indicateur clé de la qualité de l’air intérieur.
- Rechercher les normes BNQ applicables : Pour les matériaux recyclés, validez leur conformité aux standards québécois, comme la norme BNQ 2560-600 pour le béton recyclé.
- Demander une Déclaration Environnementale de Produit (DEP) : C’est le document le plus complet sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) du produit.
- Valider l’origine locale : Contactez les associations professionnelles québécoises pour confirmer la provenance des matériaux et soutenir l’économie locale.
En somme, la véritable durabilité se trouve dans les données vérifiables et les certifications rigoureuses, pas dans les slogans marketing.
Quand installer un baril de pluie ou un jardin de pluie pour gérer les eaux de ruissellement ?
Une approche holistique de la rénovation écologique ne s’arrête pas aux murs de la maison ; elle englobe également son interaction avec son environnement immédiat, notamment la gestion des eaux pluviales. Sur un terrain urbanisé, les surfaces imperméables (toits, allées, patios) empêchent l’eau de pluie de s’infiltrer dans le sol. Ce ruissellement excessif surcharge les systèmes d’égouts municipaux, souvent mixtes au Québec, pouvant entraîner des débordements d’eaux usées non traitées dans nos cours d’eau lors de fortes pluies. Gérer l’eau à la source, sur votre propre terrain, est donc un geste écologique majeur.
Le baril de récupération d’eau de pluie est la solution la plus simple et la plus accessible. Raccordé à une descente de gouttière, il permet de stocker l’eau du toit pour un usage extérieur, principalement l’arrosage du jardin et des plates-bandes. C’est idéal pour les petits terrains ou comme première étape. Un baril de 200 à 300 litres est généralement suffisant pour une maison unifamiliale standard. L’installation est pertinente dès que vous avez un besoin régulier en eau pour l’extérieur durant l’été.
Le jardin de pluie est une solution plus intégrée et à plus grand impact. Il s’agit d’une dépression paysagère peu profonde, plantée de végétaux indigènes tolérants à la fois à l’humidité et à la sécheresse. On y dirige l’eau de ruissellement du toit ou d’autres surfaces imperméables. Le jardin agit comme une éponge naturelle : il retient l’eau, lui permettant de s’infiltrer lentement dans le sol, ce qui recharge la nappe phréatique et filtre les polluants. La création d’un jardin de pluie est particulièrement indiquée si vous avez des problèmes de drainage sur votre terrain, si vous souhaitez créer un habitat pour la faune locale (pollinisateurs, oiseaux) ou si vous rénovez l’aménagement paysager de votre propriété.

Le choix entre les deux, ou leur combinaison, dépend de la surface de votre terrain, de votre budget et de vos objectifs. Le baril répond à un besoin de conservation de l’eau, tandis que le jardin de pluie répond à un enjeu de gestion hydrologique globale.
En transformant une contrainte (le ruissellement) en une ressource (eau pour le jardin) et en un atout écologique (infiltration), vous ajoutez une nouvelle dimension de durabilité à votre habitat.
Pourquoi rénover une vieille maison est souvent plus vert que construire une maison passive neuve ?
L’idée peut sembler contre-intuitive. Une maison neuve, construite selon les standards les plus élevés comme Passivhaus, promet une efficacité énergétique opérationnelle quasi parfaite. Pourtant, du point de vue du carbone total sur l’ensemble du cycle de vie, la rénovation d’un bâtiment existant est très souvent l’option la plus écologique. La raison est simple et nous ramène à notre concept central : le carbone intrinsèque. La construction d’une maison neuve requiert une quantité massive de matériaux neufs (fondations en béton, charpente, isolants, finitions), chacun avec son propre bagage carbone.
Rénover, c’est avant tout préserver l’existant. La structure, les fondations, et souvent une partie de l’enveloppe sont déjà là. Tout ce « carbone déjà dépensé » est conservé. Chaque matériau que vous n’avez pas besoin d’extraire, de fabriquer et de transporter est une victoire pour le climat. Cette approche s’inscrit directement dans la lutte contre la surconsommation de matières, un enjeu de taille. Au Québec, des plans visent à réduire drastiquement notre consommation de ressources, car des données récentes montrent une empreinte matérielle de 32 tonnes par personne par an, un chiffre que l’on cherche à diviser par deux.
Conserver et améliorer une vieille maison est l’acte ultime de l’économie circulaire du bâtiment. C’est aussi un moyen de préserver le patrimoine architectural et l’histoire d’un quartier. Les projets de déconstruction à grande échelle, bien plus vertueux que la démolition, nous montrent la valeur cachée dans nos vieilles structures.
Étude de cas : La déconstruction de l’Hippodrome de Montréal
Le projet de démantèlement de l’ancien Hippodrome de Montréal en 2018 est un exemple emblématique. Plutôt qu’une démolition traditionnelle au bulldozer, le projet a privilégié une déconstruction sélective. L’objectif était de détourner au moins 85 % (en poids) des résidus de l’enfouissement. Des tonnes de matériaux, incluant l’aluminium, le fer, l’acier et la brique, ont été soigneusement triées, puis recyclées ou revendues pour être réemployées dans d’autres projets de construction, démontrant qu’un « vieux » bâtiment est en réalité une banque de matériaux.
Bien sûr, une vieille maison nécessitera une mise à niveau énergétique substantielle pour être performante. Mais l’investissement en matériaux pour une super-isolation et une étanchéisation sera presque toujours inférieur, en termes de carbone intrinsèque, à l’empreinte totale d’une construction neuve. Le défi est de trouver le juste équilibre entre la préservation du patrimoine matériel et l’atteinte d’une haute performance énergétique.
Avant de rêver à une page blanche, il faut donc se demander : comment puis-je sublimer et optimiser ce qui est déjà là ? La réponse à cette question est souvent le chemin le plus durable.
Pourquoi l’amiante et le plomb dans vos vieux murs nécessitent un protocole strict (et coûteux) ?
La rénovation d’une maison ancienne est un geste écologique, mais elle comporte des risques importants pour la santé qui ne doivent jamais être sous-estimés. Les bâtiments construits avant les années 1980 au Québec sont susceptibles de contenir des matériaux dangereux comme l’amiante et le plomb. L’amiante se cache dans de vieux isolants (comme la vermiculite, souvent contaminée), les tuiles de plafond, les revêtements de sol en vinyle ou encore les plâtres. Le plomb, lui, se trouve principalement dans les vieilles peintures et les soudures de plomberie. Ces matériaux ne posent pas de problème tant qu’ils ne sont pas dérangés. Mais lors d’une rénovation, le simple fait de percer un mur, de sabler une surface ou de démolir une cloison peut libérer des fibres d’amiante ou des poussières de plomb dans l’air.
L’inhalation de ces particules est extrêmement dangereuse. Les fibres d’amiante peuvent provoquer des maladies pulmonaires graves, dont le cancer, des décennies après l’exposition. La poussière de plomb est un neurotoxique puissant, particulièrement dangereux pour les enfants et les femmes enceintes. La gestion de ces substances n’est pas une option, c’est une obligation légale et une responsabilité morale. Tenter de s’en occuper soi-même sans formation ni équipement adéquat est une grave erreur qui met en danger votre santé, celle de votre famille et celle des travailleurs.
La seule approche acceptable est un protocole rigoureux, supervisé par des professionnels certifiés. Cela engendre des coûts supplémentaires et des délais, mais c’est non négociable. Un budget de rénovation pour une maison ancienne doit impérativement inclure une contingence de 10 à 15 % pour la gestion de ces « surprises » toxiques. La première étape est toujours l’identification.

Voici le protocole à suivre, inspiré des recommandations de la CNESST et des bonnes pratiques du secteur :
- Identifier les zones à risque : Plafonds texturés des années 60-70, calorifugeurs, isolant de type vermiculite, vieux prélarts, soudures de tuyauterie en cuivre pré-1990.
- Faire réaliser des tests par un laboratoire accrédité : Ne jamais se fier à une identification visuelle. Un professionnel prélèvera des échantillons de manière sécuritaire (coût typique : 200-500 $).
- Engager une entreprise de désamiantage/déplombage certifiée : Si un test est positif, seuls des spécialistes équipés peuvent retirer les matériaux en toute sécurité, en confinant la zone de travail.
- Documenter tous les travaux : Conservez les rapports de laboratoire et les attestations de décontamination. C’est une information cruciale pour votre propre sécurité et une obligation légale lors de la revente de la propriété.
Ignorer ces risques pour économiser de l’argent ou du temps est un calcul qui peut avoir des conséquences dévastatrices sur la santé à long terme.
À retenir
- Le carbone intrinsèque des matériaux est l’enjeu principal d’une rénovation verte au Québec, plus encore que l’énergie opérationnelle.
- La déconstruction sélective et le réemploi des matériaux doivent toujours être privilégiés par rapport au simple recyclage ou à l’enfouissement.
- La santé des occupants, via la Qualité de l’Air Intérieur (QAI) et la gestion des substances toxiques (COV, amiante, plomb), est un pilier non négociable du projet.
Comment rendre votre maison plus écologique au-delà de la simple économie d’énergie ?
Nous l’avons vu, une rénovation véritablement écologique transcende la seule quête des économies d’énergie. C’est une philosophie globale qui repense la relation entre notre habitat et l’écosystème. C’est l’adoption d’une vision systémique où chaque choix est évalué selon une grille d’analyse multi-critères : son impact carbone sur tout le cycle de vie, son effet sur la santé des occupants, sa contribution à l’économie circulaire et sa gestion des ressources comme l’eau.
Rendre sa maison plus écologique, c’est donc intégrer les principes que nous avons explorés. C’est questionner l’origine et la composition de chaque matériau, en traquant le carbone intrinsèque et les COV. C’est planifier la déconstruction avant même le premier coup de marteau, en voyant les anciens matériaux comme une banque de ressources. C’est considérer le terrain comme une partie intégrante du projet, en gérant l’eau de pluie pour soulager les infrastructures collectives et régénérer le sol. C’est faire de la santé et de la sécurité une priorité absolue en gérant rigoureusement les contaminants hérités du passé.
Cette approche demande plus d’implication qu’une rénovation conventionnelle. Elle exige de la curiosité, de la rigueur et un dialogue constant avec les professionnels. Mais elle transforme un projet de construction en un projet de vie, aligné avec des valeurs de durabilité et de bien-être. C’est un peu comme la manière dont le Québec a appris à gérer ses matières organiques ; au début, cela semblait complexe, mais c’est devenu une seconde nature. D’ailleurs, les résultats sont là : en 2023, le Québec a atteint un taux de recyclage des matières organiques de 64%, dépassant l’objectif fixé. Nous devons appliquer cette même discipline et cette même ambition à nos matériaux de construction.
Pour mettre en pratique cette approche holistique, l’étape suivante consiste à réaliser un audit complet de votre projet en utilisant cette nouvelle grille d’analyse. Évaluez chaque poste de dépense non seulement en dollars, mais aussi en carbone, en circularité et en santé.
Questions fréquentes sur la rénovation écologique au Québec
Quelles villes québécoises offrent des subventions pour les barils de pluie?
Montréal, Québec, Victoriaville et plusieurs autres municipalités offrent des programmes de subvention pour l’achat de barils de récupération d’eau de pluie et l’aménagement de jardins de pluie. Il est recommandé de vérifier directement auprès de votre municipalité.
Comment hivériser un baril de pluie au Québec?
Il est impératif de vidanger complètement le baril avant les premiers gels. Déconnectez ensuite les gouttières, retournez le baril à l’envers sur son socle ou, idéalement, rangez-le à l’intérieur pour éviter que le plastique ne se fissure sous l’effet du gel et du dégel.
Quelle capacité de baril choisir pour un bungalow québécois?
Pour un bungalow standard avec une surface de toiture de 100 à 150 mètres carrés, un baril d’une capacité de 200 à 300 litres est généralement suffisant pour couvrir les besoins en arrosage d’un jardin de taille moyenne durant les périodes sans pluie.