Publié le 11 mars 2024

Contrairement à la croyance populaire, le MRB (Multiplicateur de Revenu Brut) est un indicateur trompeur pour évaluer un immeuble à revenus au Québec.

  • La rentabilité réelle dépend du Revenu Net (MRN) après déduction de toutes les dépenses spécifiques au contexte québécois (déneigement, taxes, etc.).
  • Des stratégies de revenus périphériques (bornes de recharge, buanderies) sont souvent plus payantes et moins contraignantes que les seules hausses de loyer.

Recommandation : Auditez systématiquement les dépenses réelles, le fonds de prévoyance et le potentiel de revenus additionnels avant de vous fier aux chiffres de revenus bruts seuls.

L’acquisition d’un premier immeuble à revenus, qu’il s’agisse d’un triplex ou d’un quintuplex, représente pour de nombreux Québécois la première étape vers l’indépendance financière. Le réflexe initial, encouragé par une multitude de conseils en ligne, est de se jeter sur un indicateur simple : le Multiplicateur de Revenu Brut (MRB). Facile à calculer, il semble offrir une comparaison rapide entre les propriétés. On vous dira qu’un MRB de 15 est bon à Montréal, peut-être 18 en région, et l’analyse s’arrête souvent là.

Pourtant, cette approche simpliste est le chemin le plus court vers une déception financière. S’appuyer uniquement sur le MRB, c’est comme juger une voiture de course sur sa couleur plutôt que sur son moteur. La véritable performance d’un investissement immobilier au Québec ne se révèle pas dans les revenus bruts, mais dans une analyse chirurgicale des revenus cachés, des dépenses spécifiques à notre climat et à notre réglementation, et des arbitrages fiscaux complexes entre les différents modèles de location. La vérité de votre investissement ne se trouve pas sur la fiche du courtier, mais dans le calcul du cash-flow réel après impôts.

Cet article propose de dépasser les indicateurs de surface pour vous armer d’un cadre d’analyse rigoureux. Nous allons décortiquer pourquoi le MRB est un miroir aux alouettes, comment générer des revenus additionnels légalement, analyser l’éternel débat entre Airbnb et le bail annuel, et surtout, comment ne pas tomber dans le piège des dépenses sous-estimées qui peuvent anéantir votre rentabilité. Enfin, nous aborderons les aspects cruciaux du refinancement et de la protection de vos droits face aux vices cachés.

Pour vous guider à travers cette analyse approfondie, voici la structure que nous allons suivre. Chaque section est conçue pour construire votre expertise, vous permettant de passer du statut d’investisseur débutant à celui d’analyste averti de vos propres projets immobiliers.

Pourquoi le MRB ne suffit plus pour évaluer la rentabilité d’un immeuble en 2024 ?

Le Multiplicateur de Revenu Brut (MRB) est la première métrique que tout investisseur débutant apprend. Obtenu en divisant le prix d’achat par les revenus locatifs bruts annuels, il offre une première impression de la valeur d’un immeuble. Cependant, en 2024, se fier à ce seul indicateur est une erreur stratégique. Le MRB ignore le facteur le plus critique de la rentabilité : les dépenses d’exploitation. Deux immeubles avec un MRB identique de 20 peuvent avoir des performances financières radicalement différentes si l’un est neuf et l’autre nécessite des réparations coûteuses.

Pour une analyse juste, il est impératif de passer au Multiplicateur de Revenu Net (MRN). Ce calcul, bien que plus exigeant, révèle la vérité du cash-flow. Le MRN se calcule en divisant le prix d’achat par les revenus nets, c’est-à-dire les revenus bruts moins toutes les dépenses d’exploitation (taxes municipales et scolaires, assurances, entretien, gestion, etc.). Un MRN bas indique une meilleure rentabilité, car il signifie que pour chaque dollar investi, vous obtenez un retour net plus élevé.

Étude de cas : La divergence de rentabilité à MRB égal

Imaginons un 6-plex vendu 800 000 $ avec des revenus bruts de 35 000 $ par année. Son MRB est de 22,9 (800 000 / 35 000), ce qui peut sembler élevé mais acceptable dans certains marchés. Cependant, si ses dépenses d’opération (taxes, assurances, réparations mineures) s’élèvent à 15 000 $, son revenu net n’est que de 20 000 $. Le MRN grimpe alors à 40 (800 000 / 20 000), révélant une performance médiocre. Un autre 6-plex au même prix et même MRB, mais avec des dépenses de seulement 5 000 $, aurait un revenu net de 30 000 $ et un MRN de 26,7. Cette analyse simple basée sur les revenus nets change complètement la perspective d’investissement et démontre pourquoi le MRB seul est un indicateur obsolète.

L’analyse ne s’arrête pas là. Le Taux Global d’Actualisation (TGA), qui est l’inverse du MRN (Revenu Net / Prix d’achat), offre une vision en pourcentage du rendement. Dans notre exemple, le premier immeuble a un TGA de 2.5%, tandis que le second offre un rendement de 3.75%. Cette analyse chirurgicale des chiffres est la seule façon de prendre une décision éclairée.

Comment augmenter légalement les revenus d’un immeuble sans rénoviction ?

Face à un marché locatif québécois fortement encadré par le Tribunal Administratif du Logement (TAL), l’idée d’augmenter significativement les revenus peut sembler complexe. Les hausses de loyer sont limitées et les « rénovictions » sont non seulement mal vues, mais aussi juridiquement risquées. La clé réside donc dans la création de revenus périphériques, c’est-à-dire des sources de revenus additionnelles qui ne sont pas directement liées au loyer de base du logement.

Cette stratégie consiste à monétiser des espaces ou des services sous-utilisés de l’immeuble. Loin d’être anecdotiques, ces ajouts peuvent transformer la structure de revenus d’une propriété et améliorer considérablement son cash-flow sans entrer en conflit avec la réglementation sur les baux résidentiels. L’idée est de passer d’une vision où l’immeuble ne génère qu’un seul type de revenu (le loyer) à un modèle où il devient un petit écosystème de services payants pour les locataires et parfois même pour le voisinage.

Vue d'ensemble d'un immeuble à logements moderne avec diverses installations génératrices de revenus supplémentaires

Voici plusieurs stratégies concrètes pour augmenter les revenus de votre immeuble en toute légalité :

  • Ajouter des bornes de recharge pour véhicules électriques : Avec la croissance du parc de véhicules électriques, offrir des bornes de recharge payantes est un service à forte valeur ajoutée. Des subventions provinciales peuvent de plus réduire le coût d’installation initial.
  • Louer séparément les stationnements et espaces de rangement : Plutôt que d’inclure ces éléments dans le bail, proposez-les en location séparée. Cela offre plus de flexibilité et une source de revenu distincte et plus facile à ajuster.
  • Installer une buanderie connectée payante : Dans les immeubles sans laveuse/sécheuse dans chaque unité, une buanderie commune avec des machines modernes fonctionnant par carte ou application mobile est un service apprécié et rentable.
  • Créer des espaces de coworking dans les sous-sols : Un sous-sol ou une salle commune inutilisée peut être aménagé en petit espace de travail partagé, que vous pouvez louer à l’heure ou au mois aux locataires en télétravail.
  • Utiliser la Clause F pour les immeubles neufs : Pour les immeubles construits il y a moins de 5 ans, la Clause F du bail du TAL permet au propriétaire de fixer le loyer sans être contraint par les critères habituels, une opportunité majeure lors de la relocation d’un logement.

Airbnb ou bail annuel : quel modèle est le plus payant après impôts et gestion ?

Le débat entre la location de courte durée type Airbnb et le bail annuel traditionnel est au cœur des stratégies d’optimisation. À première vue, la location touristique promet des revenus bruts significativement plus élevés. Cependant, une analyse rigoureuse doit prendre en compte la friction fiscale et administrative propre au Québec. Le modèle le plus « payant » n’est pas celui qui génère le plus de revenus bruts, mais celui qui laisse le plus de liquidités nettes dans vos poches après impôts, frais et gestion.

La location de courte durée implique l’obtention d’un permis de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), dont le coût et les conditions varient. De plus, elle est souvent assujettie à la TPS et à la TVQ, ce qui complexifie la comptabilité et réduit la marge. Enfin, les frais de gestion pour une unité Airbnb (nettoyage, communication, etc.) sont bien plus élevés que pour un bail annuel. Comme le souligne l’Équipe Tardif dans son guide de l’investissement immobilier, la réglementation peut être un frein majeur. Cette perspective est cruciale pour ne pas sous-estimer les contraintes opérationnelles.

Les résidences de tourisme permettent de générer des revenus locatifs élevés, notamment en haute saison, mais il faut prendre en compte les réglementations municipales qui limitent souvent la location de courte durée.

– Équipe Tardif, Guide complet de l’investissement immobilier au Québec

Pour faire un choix éclairé, il est essentiel de comparer les modèles sur une base nette. Le tableau suivant, qui s’inspire d’une analyse de la Banque Nationale du Canada, met en lumière les différences clés entre les principaux modèles de location au Québec.

Comparaison des modèles de location au Québec
Critère Airbnb/Court terme Bail annuel Location 31 jours+
Revenus potentiels +40-60% vs bail annuel Base de référence +20-30% vs bail annuel
Frais de gestion 20-25% des revenus 5-10% des revenus 10-15% des revenus
Permis CITQ requis Oui (coût annuel) Non Parfois
TPS/TVQ Applicable Non applicable Variable
Taux d’occupation moyen 60-70% 95-98% 80-85%

L’analyse montre qu’un modèle hybride de location de « 31 jours et plus » peut offrir un compromis intéressant : des revenus supérieurs au bail annuel, mais avec une charge administrative et fiscale souvent moins lourde que la location de courte durée. Le choix final dépendra de votre tolérance au risque, du temps que vous pouvez y consacrer et de la réglementation spécifique à votre municipalité.

Le piège des dépenses d’entretien sous-estimées qui tue votre cash-flow

L’erreur la plus commune et la plus dévastatrice pour un investisseur immobilier débutant est la sous-estimation chronique des dépenses d’exploitation et d’entretien. Beaucoup se fient à des règles de pouce trop optimistes, oubliant que le climat québécois impose des contraintes uniques et coûteuses. Un cash-flow positif sur papier peut rapidement devenir négatif lorsque la première facture de déneigement ou une réparation de toiture imprévue se présente. La vérité du cash-flow se trouve dans l’anticipation réaliste de toutes les dépenses.

Un ratio de dépenses d’exploitation (RDE) est un indicateur clé. Il représente le pourcentage des revenus bruts qui est consommé par les dépenses. Pour un immeuble avec 30 000$ de revenus bruts, il n’est pas rare de constater un ratio où les dépenses atteignent près de 10 000$, soit un ratio de dépenses d’exploitation de 33,33%. Ignorer ce ratio et n’anticiper que 15% ou 20% de dépenses est une recette pour l’échec financier. Ce chiffre doit inclure les taxes, les assurances, mais surtout un fonds de prévoyance pour les réparations majeures.

Au Québec, certaines dépenses sont non seulement inévitables, mais aussi particulièrement lourdes. Il ne s’agit pas de savoir *si* vous devrez remplacer la toiture, mais *quand*. Une planification rigoureuse est donc essentielle.

Votre plan d’action : auditer les coûts d’entretien spécifiques au Québec

  1. Contrat de déneigement : Postulez un coût annuel réaliste, qui peut varier de 2 000$ à 5 000$ selon la taille du stationnement et de la cour. C’est une dépense obligatoire et incompressible.
  2. Fondations : Renseignez-vous sur la nature du sol. Les sols argileux, fréquents dans plusieurs régions du Québec, peuvent causer des mouvements et nécessiter des réparations de fondations coûteuses. Prévoyez une inspection spécialisée.
  3. Système de chauffage : L’entretien annuel est un minimum (500-1 000$). Anticipez aussi le coût de remplacement de la fournaise, surtout si elle a plus de 15 ans.
  4. Toiture : La durée de vie d’une toiture en bardeaux d’asphalte au Québec est de 15 à 20 ans. Vérifiez l’âge de la toiture actuelle et provisionnez pour son remplacement.
  5. Fenêtres et maçonnerie : Le cycle de gel-dégel affecte durement les joints de brique et l’étanchéité des fenêtres. Prévoyez des inspections et des réparations sur un cycle de 20-25 ans pour les fenêtres.

Créer une ligne budgétaire pour chacune de ces dépenses et l’alimenter mensuellement n’est pas une option, c’est une nécessité. C’est cette discipline qui sépare les investisseurs profitables de ceux qui sont constamment en mode réactif, voyant leur cash-flow s’évaporer à chaque imprévu.

Quand refinancer votre immeuble pour dégager l’équité et réinvestir ?

Le refinancement hypothécaire est l’un des outils les plus puissants de l’arsenal de l’investisseur immobilier. Il ne s’agit pas simplement de renégocier un taux d’intérêt, mais d’une manœuvre stratégique pour libérer le capital dormant dans votre propriété et accélérer la croissance de votre parc immobilier. Le concept est simple : à mesure que vous remboursez votre hypothèque et que la valeur de votre immeuble augmente (par l’appréciation du marché ou par des améliorations), vous accumulez de l’équité. Le refinancement vous permet d’emprunter sur cette nouvelle valeur pour financer d’autres projets.

Au Québec, la plupart des institutions financières permettent de refinancer un immeuble à revenus jusqu’à 80% de sa juste valeur marchande (JVM). Le moment idéal pour refinancer est donc celui où l’équité disponible est suffisante pour constituer la mise de fonds d’un nouvel achat. Cette stratégie, souvent appelée BRRRR (Buy, Rehab, Rent, Refinance, Repeat), consiste à acheter un immeuble sous sa valeur, le rénover pour en augmenter la valeur (la « forcer »), le louer pour assurer des revenus, puis le refinancer pour retirer votre mise de fonds initiale et recommencer le cycle.

Représentation visuelle du cycle d'investissement BRRRR avec éléments symbolisant chaque étape

Stratégie BRRRR adaptée au marché québécois

Considérons un investisseur qui achète un duplex 400 000 $ avec une mise de fonds de 80 000 $ (20%) et une hypothèque de 320 000 $. Il investit 30 000 $ en rénovations ciblées (cuisines, salles de bain). Un an plus tard, grâce aux travaux et à l’appréciation du marché, l’immeuble est réévalué par la banque à 550 000 $. L’investisseur peut alors refinancer jusqu’à 80% de cette nouvelle valeur, soit 440 000 $. Après avoir remboursé le solde de son hypothèque initiale (disons 315 000 $), il dégage 125 000 $ (440 000 – 315 000). Il peut ainsi récupérer sa mise de fonds initiale (80 000 $), son investissement en rénovations (30 000 $) et même un petit surplus, le tout libre d’impôt, prêt à être réinvesti dans une nouvelle propriété.

Le refinancement n’est pas sans coûts (frais de notaire, d’évaluation, pénalités possibles) et augmente votre dette globale. Il doit donc être envisagé lorsque les taux d’intérêt sont favorables et que vous avez un plan clair pour le redéploiement du capital. C’est une stratégie d’accélération qui demande une gestion financière rigoureuse.

Pourquoi un défaut doit-il être « grave » et « non apparent » pour être un vice ?

L’achat d’un immeuble, surtout usagé, vient avec la protection de la garantie légale de qualité, plus communément appelée la garantie contre les vices cachés. Cependant, tous les problèmes découverts après l’achat ne constituent pas un vice caché aux yeux de la loi. Pour qu’un défaut soit reconnu comme tel par le Code civil du Québec, il doit répondre à quatre critères stricts : il doit être grave, non apparent, inconnu de l’acheteur et antérieur à la vente. Comprendre la nuance des deux premiers critères est fondamental pour protéger vos droits.

Premièrement, qu’est-ce qui constitue un vice « grave » ? Selon la loi, un défaut est considéré comme grave s’il rend l’immeuble impropre à l’usage auquel on le destine (par exemple, des fondations si fissurées que la structure est instable) ou s’il diminue tellement son utilité que l’acheteur ne l’aurait pas acheté, ou aurait payé un prix moindre, s’il l’avait connu. Une simple fissure esthétique ne sera pas jugée « grave », alors qu’une infestation de fourmis charpentières, qui menace l’intégrité structurelle du bois, le sera presque toujours.

Deuxièmement, le critère « non apparent » est tout aussi crucial et souvent mal interprété. Un vice n’est pas « caché » simplement parce que vous ne l’avez pas vu. Il doit être non décelable par un acheteur prudent et diligent, sans avoir besoin de recourir à un expert. C’est ici que le rapport d’inspection préachat joue un rôle capital. Si un défaut, ou même un indice de défaut (comme une tache d’humidité au plafond), est mentionné dans le rapport d’inspection, il devient « apparent » au sens de la loi. Vous ne pourrez donc plus invoquer la garantie légale pour ce problème spécifique, car vous étiez présumé en être informé.

L’inspecteur n’a pas besoin de trouver le vice lui-même ; le simple fait de noter un symptôme suffit à rendre le problème sous-jacent « apparent ». Par conséquent, un rapport d’inspection « propre » renforce votre protection, tandis qu’un rapport rempli de recommandations d’expertises supplémentaires affaiblit votre position en cas de recours futur.

Frais de copropriété ou fonds de prévoyance : lequel augmente le plus vite en ville ?

Lors de l’analyse d’un condo ou d’un immeuble en copropriété divise, les investisseurs se concentrent souvent sur les frais de copropriété mensuels. C’est une erreur. Le véritable enjeu financier à long terme réside dans le fonds de prévoyance. Les frais de copropriété couvrent les dépenses courantes (déneigement, entretien paysager, assurance de l’immeuble), tandis que le fonds de prévoyance est une épargne obligatoire destinée à financer les réparations et remplacements majeurs des parties communes (toiture, fenêtres, façade, etc.).

Historiquement, de nombreux syndicats de copropriété au Québec ont maintenu des contributions au fonds de prévoyance artificiellement basses. La nouvelle législation (Loi 16) a changé la donne en obligeant tous les syndicats à obtenir une étude du fonds de prévoyance réalisée par un professionnel (architecte, ingénieur). Cette étude dresse un plan de maintenance sur 25 ans et établit le niveau de contribution nécessaire pour y faire face. Pour de nombreux immeubles, cela se traduit par des augmentations spectaculaires et inévitables des cotisations.

Par conséquent, c’est le fonds de prévoyance, ou plutôt le rattrapage pour le financer adéquatement, qui est susceptible d’augmenter le plus vite. Un immeuble avec des frais de condo bas mais un fonds de prévoyance dangereusement sous-financé est une bombe à retardement financière. Une cotisation spéciale de plusieurs milliers de dollars par unité pourrait être votée à tout moment pour pallier un manque urgent de fonds, anéantissant votre cash-flow annuel.

Pour un investisseur, l’analyse des documents de la copropriété avant l’achat est donc non négociable. Il faut exiger et scruter l’étude du fonds de prévoyance. Voici comment l’analyser :

  • Comparer le solde actuel aux besoins : Vérifiez le montant actuellement dans le fonds et comparez-le aux travaux recommandés dans les 5 prochaines années. Un déficit important est un drapeau rouge.
  • Analyser l’historique des cotisations spéciales : Des cotisations spéciales fréquentes dans les dernières années indiquent une mauvaise planification et un fonds structurellement insuffisant.
  • Vérifier le ratio fonds/valeur : Un ratio sain se situe souvent autour de 5% de la valeur de reconstruction de l’immeuble. Un ratio de 1% ou 2% est un signe de danger.
  • Identifier les travaux majeurs à venir : Repérez dans l’étude les gros travaux prévus (toiture, maçonnerie) et assurez-vous que le plan de cotisation est suffisant pour les couvrir sans cotisation spéciale.

À retenir

  • La rentabilité ne se mesure pas aux revenus bruts (MRB), mais aux revenus nets (MRN) après toutes les dépenses.
  • Les coûts d’entretien spécifiques au Québec (climat, réglementation) doivent être provisionnés de manière réaliste pour éviter les surprises.
  • L’analyse des documents légaux (fonds de prévoyance, rapport d’inspection) est aussi importante que l’analyse financière pour évaluer le risque réel.

Protéger ses droits face aux défauts majeurs

Investir dans l’immobilier, c’est aussi savoir se protéger. La découverte d’un défaut majeur après l’achat peut transformer un investissement de rêve en cauchemar financier et juridique. La stratégie de protection varie grandement selon que l’immeuble est neuf ou usagé. Connaître les recours disponibles et les étapes à suivre est essentiel pour faire valoir ses droits efficacement. Une bonne préparation en amont, notamment via une assurance titres, peut également simplifier grandement le processus.

Pour un immeuble neuf, l’acheteur bénéficie du Plan de garantie obligatoire (GCR), qui couvre les vices majeurs jusqu’à 5 ans après la fin des travaux. Ce plan offre un cadre structuré avec un administrateur qui peut agir comme médiateur. Pour un immeuble usagé, c’est la garantie légale de qualité du Code civil qui s’applique. Le processus est alors moins encadré : il implique une négociation directe avec le vendeur, qui peut aboutir à une poursuite au civil si aucun accord n’est trouvé.

Le tableau suivant résume les différences fondamentales entre les deux régimes de protection :

Comparaison des recours : immeuble neuf vs. usagé au Québec
Aspect Immeuble neuf (GCR) Immeuble usagé (Code civil)
Couverture Plan de garantie obligatoire Garantie légale de qualité
Durée 5 ans pour vices majeurs 3 ans après découverte
Médiateur Administrateur du plan GCR Aucun (négociation directe)
Franchise Oui (variable) Non
Délai de dénonciation Par écrit dès découverte Raisonnable après découverte

Quelle que soit la situation, la procédure de réclamation pour un vice caché suit des étapes strictes. Un acheteur qui découvre un problème de fondation 6 mois après l’achat doit agir rapidement. La première étape est de faire expertiser le problème par un professionnel (ingénieur, etc.) pour en confirmer la nature et la gravité. Ensuite, un avis de dénonciation écrit doit être envoyé au vendeur dans un délai raisonnable (généralement 6 mois) après la découverte. Si le vendeur ne collabore pas, une mise en demeure formelle est envoyée, suivie d’une négociation ou, en dernier recours, d’une poursuite. Dans ce contexte, avoir souscrit à une assurance titres (un coût unique d’environ 500$ chez le notaire) peut s’avérer salvateur, car elle peut permettre une indemnisation rapide sans avoir à passer par le long et coûteux processus judiciaire.

Pour naviguer sereinement dans le monde de l’investissement, il est crucial de bien comprendre les mécanismes de protection légale qui vous sont offerts.

Pour mettre en application ces analyses et sécuriser votre prochain investissement immobilier, l’étape suivante consiste à obtenir une évaluation détaillée et personnalisée de votre projet par des experts qui maîtrisent les subtilités du marché québécois.

Questions fréquentes sur le calcul de la rentabilité immobilière au Québec

Qu’est-ce qui constitue un vice ‘grave’ selon le Code civil du Québec?

Un défaut est considéré grave s’il rend l’immeuble impropre à l’usage auquel on le destine ou diminue tellement son utilité que l’acheteur ne l’aurait pas acheté ou aurait payé moins cher s’il l’avait connu.

Comment le rapport d’inspection peut-il affecter la garantie légale?

Si un défaut est mentionné dans le rapport d’inspection préachat, il devient ‘apparent’ et ne peut plus être considéré comme un vice caché, annulant ainsi la garantie légale pour ce défaut spécifique.

Une infestation de fourmis charpentières est-elle un vice caché?

Oui, car elle est généralement non apparente lors de l’inspection visuelle et peut causer des dommages structurels importants, la rendant ‘grave’ selon les critères du Code civil.

Rédigé par Éric Gagnon, Investisseur immobilier et expert en rénovation stratégique. Spécialiste de la finition intérieure, de l'optimisation locative et de la valeur de revente pour les plex et maisons unifamiliales.