Publié le 15 mars 2024

La véritable performance carbone de votre projet d’agrandissement au Québec ne réside pas dans le choix binaire entre bois et béton, mais dans l’analyse rigoureuse du cycle de vie (ACV) de chaque matériau spécifié.

  • Le carbone « intrinsèque » (extraction, transformation, transport) représente une part majeure de l’impact, souvent négligée.
  • Des options comme le béton à ajouts cimentaires ou le bois d’ingénierie local peuvent drastiquement changer la donne.

Recommandation : Exigez de votre entrepreneur une comparaison basée sur les Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES) des produits, en considérant leur origine et leur durabilité réelle, plutôt que sur des idées préconçues.

En tant que propriétaire au Québec songeant à un agrandissement, vous êtes confronté à un dilemme central : opter pour la chaleur traditionnelle d’une structure en bois ou pour la robustesse perçue du béton ? La conversation publique simplifie souvent l’équation : le bois, puits de carbone, serait le champion écologique, tandis que le béton, issu d’une industrie énergivore, serait le grand pollueur. Cette vision, bien que séduisante, omet l’essentiel de la problématique.

En tant qu’analyste de cycle de vie (ACV) du bâtiment, mon rôle est de dépasser ces affirmations pour quantifier l’impact réel. Le « coût carbone » d’un projet ne se limite pas aux matériaux visibles. Il faut considérer le carbone intrinsèque (ou carbone gris) : l’énergie dépensée pour extraire la matière première, la transformer, la transporter jusqu’à votre chantier, et même sa fin de vie. Un bois qui traverse 800 km n’a pas le même bilan qu’un bois récolté à proximité. Un béton standard n’a rien à voir avec un béton formulé avec des ajouts cimentaires recyclés.

La véritable question n’est donc pas « bois ou béton ? », mais plutôt « quel bois et quel béton ? ». Cet article vous propose d’adopter la grille d’analyse d’un expert en ACV. Nous allons décomposer le bilan carbone de chaque option dans le contexte spécifique du Québec, en analysant les normes, les produits disponibles localement et les stratégies qui ont un impact mesurable. L’objectif est de vous outiller pour prendre une décision éclairée, basée non pas sur des mythes, mais sur des données tangibles pour un projet véritablement durable.

Pour vous guider dans cette analyse détaillée, nous explorerons les différentes facettes du calcul carbone, des stratégies de rénovation aux choix des matériaux biosourcés, en passant par la compensation et la durabilité à long terme.

Pourquoi rénover une vieille maison est souvent plus vert que construire une maison passive neuve ?

L’attrait d’une maison neuve, ultra-performante et certifiée Passive House, est indéniable. Pourtant, du point de vue de l’analyse de cycle de vie, cette option n’est pas toujours la plus écologique. La raison principale réside dans le concept de « carbone intrinsèque » : toute la charge de CO2 émise pour fabriquer et transporter les matériaux d’une nouvelle construction. En rasant une structure existante, même si elle est peu performante, on jette à la poubelle des tonnes de matériaux dont le coût carbone a déjà été « payé » il y a des décennies. La rénovation, au contraire, préserve ce carbone investi.

L’argument se renforce lorsqu’on considère le bilan complet. Une construction neuve, même passive, démarre avec une « dette carbone » considérable due au béton des fondations, à l’acier, aux isolants neufs et à leur transport. Il faudra des décennies d’économies d’énergie en phase d’utilisation pour simplement « rembourser » cette dette initiale par rapport à une rénovation intelligente. Une rénovation bien menée, qui se concentre sur l’amélioration de l’enveloppe (isolation, fenêtres) et la modernisation des systèmes, permet de conserver la majeure partie de la structure et donc de son carbone intrinsèque.

Le calcul est simple : le scénario le plus vert est celui qui minimise l’introduction de nouveaux matériaux. Avant de penser à démolir, une évaluation rigoureuse du potentiel de la structure existante est la première étape d’une démarche bas-carbone. Conserver les fondations, la charpente ou la maçonnerie représente une économie de carbone massive que même la maison passive la plus efficace peinera à compenser sur une durée de vie raisonnable.

Comment spécifier du béton avec ajout de cendres volantes pour réduire son impact CO2 ?

Le béton a mauvaise presse, et pour cause : la production de son liant principal, le ciment Portland, est responsable d’environ 8% des émissions mondiales de CO2. Cependant, diaboliser le matériau dans son ensemble est une erreur d’analyse. Au Québec, des solutions matures existent pour réduire drastiquement son empreinte carbone. La clé est d’exiger des bétons formulés avec des ajouts cimentaires, comme les cendres volantes (un sous-produit des centrales thermiques au charbon) ou le laitier de haut fourneau (un sous-produit de la sidérurgie).

Ces matériaux, en se substituant à une partie du ciment Portland (généralement entre 25% et 40%), permettent de diminuer significativement le carbone intrinsèque du mélange final sans compromettre ses performances structurelles. Au contraire, ils peuvent même améliorer sa durabilité à long terme. La preuve en chiffres est éloquente : au Québec, certains mélanges performants affichent des bilans impressionnants. Par exemple, le béton RMXUG25A3A8M de Lafarge représente seulement 130 kg/m³, soit moins de la moitié de la moyenne canadienne. C’est la démonstration qu’un béton bien spécifié peut avoir un impact radicalement différent d’un béton standard.

Le marché québécois offre une gamme de plus en plus large de ciments à empreinte réduite, allant au-delà des simples ajouts. Il est donc crucial d’engager la conversation avec votre fournisseur ou votre entrepreneur sur les options disponibles pour votre projet.

Le tableau suivant, adapté des informations d’Écohabitation, synthétise les principales alternatives au ciment Portland traditionnel disponibles sur le marché québécois.

Comparaison des ciments alternatifs disponibles au Québec
Type de ciment Réduction CO2 Disponibilité Québec Applications
CPC/GUL (au calcaire) 10% Ciment Québec, CRH, Lafarge Usage général
Ciment ternaire 30-40% Tercim, Béton Provincial Fondations, dalles
LC3 (argile calcinée) 40% En développement Structures diverses

Votre plan d’action : les questions à poser à votre entrepreneur pour un béton bas carbone

  1. Pouvez-vous me chiffrer l’option avec un béton contenant au minimum 25% de laitier ou de cendres volantes?
  2. Quels sont les impacts sur le temps de cure, notamment en conditions hivernales, pour ces mélanges alternatifs?
  3. Avez-vous accès aux gammes de béton à faible empreinte comme ECOpact de Lafarge ou les mélanges ternaires de fournisseurs comme Tercim?
  4. Quelle est la différence de coût concrète entre un béton standard et un béton bas-carbone pour mon projet?
  5. Pouvez-vous me fournir les fiches FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire) des bétons que vous proposez pour comparer leur impact?

Crédits carbone ou plantation d’arbres : comment compenser sérieusement l’impact de votre chantier ?

Une fois les efforts de réduction à la source maximisés (choix des matériaux, efficacité du chantier), il restera une empreinte carbone résiduelle. La tentation est alors grande de se tourner vers la compensation, souvent symbolisée par la plantation d’arbres. Cependant, pour qu’une démarche de compensation soit crédible, elle doit respecter un principe fondamental en analyse de cycle de vie : l’additionnalité. Cela signifie que l’action de compensation doit entraîner une réduction de CO2 qui n’aurait pas eu lieu autrement.

C’est ici que le bât blesse pour de nombreux programmes. Comme le souligne l’organisme Carboneutre Québec, un expert en la matière :

La plantation d’arbres dans une zone forestière qui se régénère naturellement n’est pas ‘additionnelle’.

– Carboneutre Québec, Guide de compensation carbone

Pour être sérieuse, la compensation doit donc s’appuyer sur des projets rigoureux, vérifiés et certifiés. Au Québec, des initiatives comme Carbone Boréal se spécialisent dans la plantation d’arbres sur des territoires non forestiers ou dégradés, garantissant ainsi cette additionnalité. La compensation a un coût quantifiable qui reflète la rigueur du projet. À titre d’exemple, le prix pour la compensation dans les plantations en forêt boréale du Québec est de 42 $ la tonne de CO2, auxquels s’ajoutent des frais de service pour le calcul et la certification. Ce chiffre permet de budgétiser la neutralité carbone de manière tangible, bien loin des promesses vagues.

Jeunes arbres plantés dans une forêt boréale québécoise avec équipement de mesure carbone

La compensation n’est donc pas un « droit à polluer » ou un simple geste symbolique, mais la dernière étape d’une démarche « Réduire, puis Compenser ». Elle ne doit intervenir qu’après avoir épuisé toutes les options de réduction à la source et doit être menée via des partenaires dont la méthodologie est transparente et scientifiquement validée.

L’erreur d’utiliser des mousses isolantes à fort potentiel de réchauffement global (PRG) quand des alternatives existent

L’isolation est le nerf de la guerre pour la performance énergétique d’un bâtiment. Toutefois, tous les isolants ne se valent pas sur le plan climatique. Une erreur fréquente est de se focaliser uniquement sur la valeur R (la résistance thermique) en ignorant un critère tout aussi crucial : le Potentiel de Réchauffement Global (PRG) de l’agent de gonflement utilisé. C’est particulièrement vrai pour les mousses de polyuréthane giclées, très populaires pour leur performance et leur étanchéité à l’air.

Les anciennes générations de ces mousses utilisaient des hydrofluorocarbures (HFC) comme agents de gonflement. Or, ces gaz ont un PRG des milliers de fois supérieur à celui du CO2. Même si les réglementations évoluent pour imposer des agents à plus faible impact (les HFO), l’empreinte carbone initiale de ces produits reste significative. Choisir un isolant à fort PRG, c’est un peu comme colmater une fuite d’eau en ouvrant un robinet d’incendie : on résout un problème (les pertes de chaleur) en en créant un autre, invisible mais bien réel (un pic d’émissions de gaz à effet de serre).

Heureusement, le marché québécois regorge d’alternatives performantes à faible ou même à bilan carbone négatif. Les isolants biosourcés comme la cellulose (issue de papier recyclé), la laine de roche, la fibre de bois ou même le chanvre offrent d’excellentes performances thermiques et acoustiques, tout en présentant un PRG très faible. Dans le cas de la fibre de bois ou du chanvre, le bilan est même négatif, car le carbone stocké dans la biomasse durant la croissance de la plante est supérieur aux émissions liées à la production.

Le tableau suivant offre une comparaison simplifiée de quelques isolants courants au Québec, mettant en lumière le critère du PRG.

Comparatif de certains isolants disponibles au Québec
Isolant Valeur R/pouce PRG Coût relatif Résistance humidité
Polyuréthane giclé (HFC) R-6 Très élevé Élevé Excellente
Laine de roche R-4 Faible Moyen Bonne
Fibre de bois R-3.5 Négatif Moyen-élevé Moyenne
Cellulose giclée R-3.7 Très faible Faible Moyenne

Étude de cas : Le chanvre comme alternative locale

L’utilisation de matériaux biosourcés n’est plus une utopie. Par exemple, à Cowansville, l’atelier de Nicolas Séguin intègre des panneaux de chanvre fabriqués localement à Val-des-Sources par l’entreprise Nature-Fibres. Ce produit est reconnu non seulement pour son isolation thermique, mais aussi pour ses excellentes propriétés de régulation de l’humidité et d’isolation acoustique, démontrant la viabilité de ces alternatives au sein de la filière québécoise.

Pourquoi construire pour 100 ans est la stratégie carbone la plus efficace ?

Dans l’analyse du cycle de vie, la durée de vie d’un bâtiment est un multiplicateur ou un diviseur. Un bâtiment conçu pour durer 30 ans avant une rénovation majeure ou une démolition aura une empreinte carbone annualisée bien plus élevée qu’une structure conçue dès le départ pour traverser un siècle. La stratégie la plus efficace pour réduire l’impact carbone d’une construction n’est donc pas de choisir le matériau le plus « vert » à l’instant T, mais de concevoir et construire avec une durabilité maximale à l’esprit.

Cela signifie amortir le « coût carbone » initial sur la plus longue période possible. Chaque année supplémentaire de service d’un bâtiment sans intervention structurelle majeure divise d’autant son carbone intrinsèque. Cette philosophie influence chaque décision :

  • La conception : Prévoir la flexibilité des espaces pour s’adapter aux futurs besoins des occupants sans avoir à démolir des murs porteurs.
  • Le choix des matériaux : Privilégier des matériaux robustes et éprouvés, dont le vieillissement est connu et maîtrisable (pierre, brique, bois massif, béton de qualité).
  • La mise en œuvre : Soigner les détails de construction, notamment la gestion de l’eau (drainage, solins, toiture), qui est la première cause de dégradation prématurée des bâtiments.

L’exemple d’un bâtiment public en bois lamellé-collé en Normandie, qui n’a nécessité aucune reprise de structure en 20 ans malgré une forte exposition, illustre parfaitement ce principe. La durabilité est la forme la plus fondamentale de l’efficacité carbone. Un bâtiment qui dure 100 ans, même s’il n’est pas « passif », aura souvent un meilleur bilan carbone global qu’un bâtiment passif jetable construit pour 30 ans.

Détail architectural montrant la jonction entre bois massif centenaire et maçonnerie traditionnelle québécoise

La durabilité maximise également le potentiel de stockage de carbone des matériaux biosourcés. Comme le rappelle une experte de CCB Greentech, « une tonne de bois stocke environ 1,8 tonne de CO2 ». Ce carbone reste séquestré pour toute la durée de vie du matériau dans le bâtiment.

Pourquoi privilégier le bois local et les matériaux recyclés réduit radicalement le carbone intrinsèque ?

Le carbone intrinsèque est largement dominé par deux facteurs : l’énergie de transformation et l’énergie de transport. Agir sur ces deux leviers permet des réductions d’impact massives. La première stratégie est de privilégier les matériaux issus du réemploi ou du recyclage. Chaque brique, poutre ou élément de plomberie récupéré d’un chantier de déconstruction est un matériau dont le carbone intrinsèque est quasi nul, puisqu’on évite une nouvelle production et son transport associé.

Des entreprises québécoises comme Bautechnic se sont spécialisées dans cette approche, en organisant la déconstruction sélective d’immeubles pour récupérer et revaloriser les matériaux. Opter pour cette voie, lorsque c’est possible, est la méthode la plus directe pour sabrer l’empreinte carbone de son projet.

La seconde stratégie est de choisir des matériaux neufs dont l’origine est la plus proche possible du chantier. Le terme « local » doit cependant être analysé avec rigueur. Dans l’industrie de la construction, « local » peut parfois être un concept très large. Par exemple, une analyse de l’organisme Un Poids Cinq révèle que pour un chantier à Montréal, le bois ‘local’ peut provenir de l’Abitibi, soit un trajet de près de 800 km. Il est donc crucial de questionner la véritable provenance des matériaux pour évaluer l’impact réel du transport.

Privilégier le bois certifié issu des forêts gérées durablement du Québec reste une excellente stratégie, car en plus de soutenir l’économie locale, cela garantit une traçabilité et un transport souvent bien moindre que celui de matériaux importés d’Europe ou d’Asie. L’idéal est de s’approvisionner auprès de scieries régionales, ce qui réduit drastiquement les « kilomètres-carbone » et assure un impact minimal.

Pourquoi l’ossature bois reste-t-elle supérieure à l’acier pour le résidentiel québécois ?

Dans le secteur résidentiel, le choix de la structure se résume souvent à un arbitrage entre le bois et l’acier léger. Si l’acier offre une grande stabilité dimensionnelle, l’ossature bois conserve plusieurs avantages décisifs du point de vue de l’analyse de cycle de vie dans le contexte québécois. Le premier argument, et non le moindre, est le carbone intrinsèque. La production d’acier est un processus extrêmement énergivore, alors que le bois, en tant que carbone biogénique, a un bilan initial négatif : il a stocké du CO2 durant sa croissance.

Le deuxième avantage majeur est la performance thermique de l’enveloppe. L’acier est un excellent conducteur thermique. Une ossature en acier crée de nombreux ponts thermiques, des autoroutes à calories qui traversent l’isolant et dégradent la performance globale du mur. Le bois, à l’inverse, est un isolant naturel (environ 400 fois plus que l’acier). Une structure en bois minimise ces ponts thermiques, ce qui permet à l’isolant de travailler à son plein potentiel et réduit les besoins en chauffage. Cette considération est primordiale dans le climat rigoureux du Québec où, en 2019, les bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels étaient responsables de 10% des émissions totales de la province.

Enfin, l’argument économique et social est indéniable. La filière bois est un pilier de l’économie québécoise, avec un savoir-faire et des circuits d’approvisionnement bien établis. Choisir le bois, c’est investir dans l’économie locale, alors qu’une part significative de l’acier de construction est importée.

Ce tableau comparatif résume les points clés de l’arbitrage entre les deux systèmes pour un projet résidentiel au Québec.

Bois vs Acier – Performance et impact au Québec
Critère Ossature bois Ossature acier
Facteur R effectif Maintenu Réduit (ponts thermiques)
Gestion humidité Hygroscopique naturel Risque condensation
Impact économie locale Filière québécoise forte Majoritairement importé
Poids structure Léger Moyen

À retenir

  • L’impact carbone d’un projet ne se résume pas au choix d’un matériau, mais à l’analyse de son cycle de vie complet (ACV), incluant son origine, sa transformation et sa durabilité.
  • La rénovation intelligente d’un bâtiment existant est souvent une stratégie plus efficace pour réduire l’empreinte carbone que la construction d’un bâtiment neuf, même très performant.
  • Des alternatives bas-carbone matures et disponibles au Québec, comme le béton à ajouts cimentaires ou les isolants biosourcés, permettent de réduire drastiquement l’impact des matériaux traditionnels.

Chanvre, paille ou cellulose : quel matériau biosourcé est le plus adapté au Code du Québec ?

L’intérêt pour les matériaux biosourcés comme le chanvre, la paille ou la cellulose est grandissant. En plus de leur faible empreinte carbone (voire négative), ils offrent d’excellentes performances en matière de confort et de gestion de l’humidité. Cependant, leur intégration dans un projet de construction au Québec se heurte à une question cruciale : la conformité avec le Code de Construction du Québec et l’acceptation par les assureurs.

Pour de nombreux matériaux non traditionnels, l’enjeu n’est pas la performance, mais la démonstration de cette performance selon des cadres normatifs reconnus. Sans certification ou guide de bonnes pratiques validé, il peut être complexe de faire approuver leur utilisation. Le chanvre, par exemple, a un avantage notable. Comme le précise le portail Construction Durable, il bénéficie de règles professionnelles établies, ce qui facilite son intégration dans des projets nécessitant des garanties assurantielles.

Pour les autres matériaux, la voie passe souvent par l’article 2.5 du Code, qui porte sur les « mesures équivalentes ». Cet article permet d’utiliser une solution non standard à condition de prouver, par une expertise d’ingénieur, qu’elle atteint un niveau de performance équivalent ou supérieur à celui exigé par le Code. Cette démarche, bien que rigoureuse, ouvre la porte à l’innovation. Des projets pilotes voient le jour, comme l’expérimentation en 2021 d’un panneau isolant en « laine de pelouse » (Gramitherm) dans un bâtiment en Chaudière-Appalaches, en collaboration avec la firme d’ingénierie E=MK2. Ces initiatives sont essentielles pour bâtir la confiance et faire évoluer les pratiques.

Feuille de route : les étapes pour faire approuver un matériau biosourcé au Québec

  1. Consulter l’Article 2.5 : Familiarisez-vous avec la section sur les mesures équivalentes et les exigences de performance du Code de Construction du Québec.
  2. Mandater un ingénieur : Faites réaliser une étude de durabilité et de performance par un ingénieur membre de l’OIQ, qui pourra attester que le matériau respecte les objectifs du Code.
  3. Soumettre le dossier technique : Présentez le rapport de l’ingénieur à la direction de l’urbanisme de votre municipalité pour approbation avant le début des travaux.
  4. Préparer le dossier assureur : Montez un dossier solide pour votre assureur, incluant l’avis de l’ingénieur, les fiches techniques du produit et, si possible, des exemples de projets de référence.
  5. Identifier des installateurs qualifiés : Cherchez des entrepreneurs qui possèdent une expérience concrète avec le matériau choisi pour garantir une mise en œuvre conforme aux règles de l’art.

Le choix d’un matériau biosourcé est donc une démarche qui combine analyse technique, connaissance réglementaire et dialogue avec les professionnels du bâtiment.

Pour votre projet d’agrandissement, l’étape décisive consiste donc à intégrer cette approche analytique. Exigez de vos partenaires, architecte et entrepreneur, qu’ils dépassent les discours simplistes et vous fournissent une analyse comparative basée sur le cycle de vie complet des matériaux envisagés, en s’appuyant sur des données québécoises et des fiches FDES transparentes.

Rédigé par Guillaume Guillaume Pelletier, Consultant en bâtiment durable, accrédité LEED et Passivhaus. Spécialiste des matériaux biosourcés et de la construction écologique.